Par pure curiosité j'ai voulu voir comment Dans les moindres détails on mesure le temps : Ma conclusion est que c'est à n'y rien comprendre ; Ce système est idiot, il faudrait le reprendre. La première unité est nommée la « seconde » C'est déjà illogique, c'est tout de même un monde ! Elle s'appelle ainsi parce qu'elle subdivise Une première division que l'on tient pour acquise. Celle-ci porte un nom c'est bien sûr la « minute » Elle divise en soixante une « heure » que l'on suppute Être une durée fixée, mais rien n'est si facile J'en parlerais plus tard, c'est complètement débile. Par dessous la seconde, on découvre la « tierce » Qu'on ne trouve que par curiosité perverse Car nul ne l'utilise, dans la vraie vie du moins, On peut donc l'oublier dans notre quotidien. --- Le temps se divise donc toujours par soixante, À part que pas vraiment, même dans la vie courante. Pour couper la seconde, on a un truc mortel : C'est au système métrique que l'on va faire appel. On la divise en dix, en cent, en mille encore, Ce système décimal nous demande moins d'effort ; On perd le bénéfice de pouvoir faire des quarts, Et encore moins des tiers, on peut pas tout avoir. Dans le système métrique, on trouve des préfixes, Milli-, micro-, nano-, qui sont des durées fixes. Et comme avec les mètres, on peut trouver aussi, Des kilo- ou méga-, des déci- ou centi-… Sauf que là encore, ce n'est qu'un gros mensonge ! Car des décisecondes, jamais nul n'y songe ! Au lieu de s'en servir, on parle de « dixièmes », On précise « de seconde », c'est un peu lourd quand même… Quand aux kilosecondes, je n'en parlerai point, En gros dix-sept minutes, on s'en sert encore moins. De compter en base dix, on fait juste semblant, Je ne peux m'empêcher de trouver ça frustrant. --- Mais ce n'est pas le pire, car comme on va le voir : Notre unité de base, elle est aléatoire ! Chaque fois que le soleil revient au même endroit Un jour entier s'écoule, de vingt-quatre heures on croit. Car selon Galilée la terre fait des tours, On pourrait supputer qu'elle en fait un par jour. Mais en y pensant bien, ce n'est pas cohérent Car midi deviendrait minuit deux fois par an ! Parce qu'en plus d'avoir sa propre rotation, La terre pour le soleil est en révolution, De telle sorte qu'après six mois de jours complets, Le jour serait la nuit, l'autre face éclairée ! Pour définir le jour, on a donc fait moins vite Un petit supplément tient compte de notre orbite. Par de savants calculs, on se recale ainsi En allongeant le jour, et les heures avec lui. Mais cette correction ne marche qu'en moyenne, Car au fil de l'année, notre planète peine : Ici elle va moins vite, là, bondit en avant Saison après saison, midi change de moment. On feint de ne pas voir, ce n'est pas difficile, À vingt secondes près qu'il n'est pas midi pile. Le calcul s'équilibre, quand revient la même date Comme un chat, chaque année, on retombe sur nos pattes. --- On pourrait presque croire qu'on est tirés d'affaire, Ce serait bien naïf, il reste encore à faire ! Car notre rotation qui semble régulière En fait elle ralentit, ou bien elle accélère. Les séismes, marées, et même les eaux de pluie Font effet sur son rythme, même s'il est tout petit. Et au fil des années cet effet se cumule, De sorte qu'au final, nos repères reculent ! Cette fois le décalage est vraiment très infime, On pourrait l'ignorer, et glisser vers l'abîme… La menace est terrible et nous guette pourtant : C'est minuit en plein jour en moins de cent mille ans ! Pour ne pas se trouver un jour au pied du mur Les humains ont choisi le chemin le plus sûr Ils ont anticipé, c'est très inhabituel, Pour qu'aucune seconde ne manque à l'appel. C'est un observatoire, français et séculaire, Qui décrète ces fameuses « secondes intercalaires », Elles sont ajoutées irrégulièrement Lorsque le décalage devient trop important. L'horloge dit alors, si l'on épie sa ronde : Vingt-trois heures cinquante-neuf et cinquante-neuf secondes. Et un instant plus tard, avant que minuit gronde : Vingt-trois heures cinquante-neuf… et soixante secondes ! Ces secondes étonnantes causent des problèmes uniques Et beaucoup les négligent : c'est le Temps Atomique. Pire, selon les savants, la planète accélère : Tout ça pourrait cesser, car jugé délétère. === Pour ceux qui survivraient à renfort d'aspirine, C'est fini pour les jours et les unités fines. Hélas il reste encore un souci pas moins pire : C'est le calendrier qu'il faudrait démolir ! …